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La ville de Saint-Benoit vient de se doter d’une brigade chargée de traquer et de faire procéder à la destruction des Véhicules hors d’usage (VHU). Les VHU sont un gros souci environnemental dans les départements d’outre-mer, mais la situation s’améliore à la Réunion.

Par un simple communiqué sur son site Internet, la mairie de Saint-Benoit a fait savoir le 2 septembre dernier qu’elle passait aux choses sérieuses en matière de lutte contre les véhicules hors d’usage. La ville a désormais « sa propre brigade VHU » qui est « composée d’un policier municipal et de 4 agents de surveillance de la voie publique ». Leur mission est la suivante : recenser les épaves disséminées sur la voie publique, identifier les propriétaires et les aider à procéder au montage d’un dossier de demande d’enlèvement. La brigade est aussi chargée d’organiser l’acheminement des véhicules non-identifiées ainsi que leur destruction.

Les VHU posent un problème de santé publique sous les tropiques. Bien plus qu’en métropole. Les épaves, surtout leurs pneus, recèlent en effet d’anfractuosités propres à la stagnation des eaux de pluie. Autant de nids de choix pour les moustiques, vecteurs de la dengue. Selon l’Agence régionale de la santé (ARS) de la Réunion, ce sont 13 500 nouveaux cas de dengue qui ont été recensés sur l’île entre le 1er janvier et le 11 juin 2020…

Il n’est donc pas étonnant de voir que là-bas, l’ARS possède aussi sa propre brigade : ce sont environ 150 agents qui visitent quelque 60 000 maisons par an pour y dénicher les foyers infectieux. Cette brigade de santé aurait ainsi permis, en 4 ans, d’éliminer 10 000 pneus laissés à l’air libre.

8000 VHU… ou quatre fois plus ?

La lutte contre les autos abandonnées en bord de route dans les Drom-Com a réellement débuté suite à la parution du rapport dit « rapport Letchimy », du nom de son auteur, le député martiniquais Serge Letchimy. Il envisageait, en 2015, que 500 000 voitures environ circulaient à La Réunion ; que le gisement de VHU était de 8000 à 30 000 carcasses selon les estimations, bien que celles-ci « ne sont pas fiables car la filière illégale est au moins aussi importante que la filière légale ». Sur la foi de chiffres remontant à 2013, le député avait observé que 4000 VHU avaient alors été pris en charge par la bonne filière, une filière légale composée alors de 6 centres de démolition agréés et d’un broyeur. Deux ans plus tard, au moment de remettre son rapport, Serge Letchimy avait noté que 7 démolisseurs officiaient désormais du côté des Mascareignes.

Mais en 2018, sur la foi du rapport le plus récent divulgué par l’Ademe, il apparait qu’un bond a été fait par rapport aux années précédentes. Neuf démolisseurs sont désormais agréés par l’Etat, ainsi que deux broyeurs. Les résultats s’en ressentent : 4843 VHU traités par la filière légale en 2017, 7694 en 2018, soit +58,9%. Une amélioration qui ne doit pas faire oublier ce que le député avait observé lors de l’élaboration de son rapport : « La rentabilité de la filière illégale des VHU est telle que les volumes et les valeurs sont considérables ; les voitures en état de marche sont notamment envoyées vers Madagascar, des VHU ni dépollués ni démantelés, compactés sans traitement préalable, sont envoyés vers l’Asie pour les matières rachetées à bon prix. »

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